Parachat Beha'alote'ha
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L’heure de la mise à feu a sonné

Paracha Vayishla'h


Le rencontre entre frères ne doit pas poser de grands problèmes, en principe.

La Thora relate la rencontre entre Yaacov et son frère Esaü avec beaucoup de détails comme si les deux hommes craignaient ce face à face.

Esaü dit le verset 6 du chapitre 32 se déplace pour cette rencontre historique accompagné de quatre cents hommes. 

Le midrash ajoute à propos de ces cavaliers qu’ils sont de véritables soldats venus d’Egypte, belligérants, prêts à l’affrontement. 

Esaü n’a plus de frère, il n’est plus accessible à l’humain. L’heure de la mise à feu a sonné. 

Seules les armes décideront de l’issue de cette guerre fratricide.

Yaacov de son côté se prépare sur trois fronts. Le premier, le plus classique est la division de son camp en deux unités combattantes. 

 La première division sera peut être sacrifiée mais pour sauvegarder la seconde. 

Le deuxième, moins glorieux mais plus diplomatique, consiste à offrir à Esaü des cadeaux, appât humain qui sensibilise l’homme le plus hermétique.

Enfin Yaacov ne peut oublier son particularisme. Il est proche de D., donc faisant appel à sa clémence afin de préserver des vies humaines qui sont le prix à payer quelque soit la légitimité de la guerre.

Les deux hommes se sont enfin rencontrés et apparemment on a eu le tort d’avoir pensé au pire. Esaü s’est précipité vers son frère Yaacov. Ils se sont enlacés, se sont embrassés, et ont pleuré ( ch. 33 v. 4 ). 

Les sages, qui au début de la Paracha, nous avaient mis en garde des intentions haineuses d’Esaü, sont maintenant presque tous d’accord de considérer Esaü, sincère dans son baiser à son frère, profondément humain dans les larmes qui coulent sur sa joue.

Les raisons sont multiples. Esaü est malgré tout un descendant d’Abraham, donc un homme qui a dans ses veines le sang du patriarche le plus attachant de l’humanité. 

La seconde raison est le temps qui a fait son œuvre. Cela fait plus de vingt ans que les deux frères ne se sont pas vus. 

La vie et ses épreuves bouleversent les mentalités les plus arrêtées. Yaacov est entouré d’une ribambelle d’enfants, tous encore si jeunes. 

Est-ce raisonnable d’abattre froidement un si grand nombre d’individus pour une rancune aussi forte et des motifs les plus louables ? Toutes ces raisons donnent un peu d’espoir pour les fils des deux grandes familles. 

Yaacov donc Israël et Esaü donc l’occident chrétien se sont confrontés au cours de l’histoire. Ils se sont haïs et ont essayé de briser l’échine de l’un au profit de l’autre. 

Le constat pessimiste après tant de confrontations semble donner raison à l’impossible rencontre entre deux cultures, entre les deux civilisations.

Le baiser d’Esaü, les larmes de deux frères qui reconnaissent leur existence mutuelle, leur place dans l’échiquier mondial ont des connotations sincères.

 Le résultat positif profitera aux deux entités. Les temps actuels emprunts de méfiance et de rancœur se transformeraient par magie si et seulement si le côté humain prend la pas sur tout autre intérêt.

Rav S. Malka