Parachat Beha'alote'ha
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De la Tristesse à la Joie

Paracha Noa'h


Adam et Eve ont reçu pour châtiment la tristesse : "A la femme, Il dit : "J'augmenterai grandement ta douleur et ta grossesse. 

Tu enfanteras dans la douleur" (Gen. III, 16). "A Adam, Il dit : "Tu as mangé de l'arbre à propos duquel Je t'avais donné un ordre explicite, te disant : 'N'en mange pas'. 

Le sol sera donc maudit à cause de toi : tu en tireras la nourriture avec souffrance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi des épines et des ronces et tu mangeras l'herbe des champs" (ibid. ibid. 17-18). 

En revanche, Noa'h prend sur lui de "réparer" la tristesse qui, jusque là, avait affligé l'humanité, d'où son nom ((qui renvoie à l'idée de réconfort, de soulagement) : "Il (Dieu) l'appela Noa'h, disant : "Celui-ci nous apportera un soulagement de notre tâche et de la souffrance (littéralement, "de la tristesse") de nos mains, causées par la terre que Dieu a maudite" (ibid. V, 29). 

Et Rachi d'expliquer : "Avant Noa'h, on ne connaissait pas la charrue, c'est lui qui l'a inventée ; (jusque là), lorsqu'on semait du blé, on récoltait des ronces et des épines, suite à la malédiction d'Adam (relativement à la terre). A l'époque du Juste, elle a fait place au "réconfort" ("Na'h") (Rachi ad loc.).


Par l'invention de la charrue et la technique de l'attelage, il a soulagé la vie de l'homme et le travail de la terre, pénible et frustrant, semer du blé et récolter des ronces. 

Néanmoins, il n'a pas rendu la joie. D'ailleurs, dès qu'il est sorti de l'arche, il a oublié dans l'alcool la dure réalité : "No'ah commença par cultiver le sol et il planta une vigne. Il but de son vin, s'enivra et se découvrit dans sa tente" (ibid. Ix, 20-21).

Il faudra attendre Abraham, "l'homme de la Générosité", "l'élu et l'aimé de Dieu", pour que réapparaisse la joie inhérente à Adam au Paradis, avant la Faute : "Abraham tomba sur sa face et rit" (ibid. XVII, 18). "Et rit", explique le "Targoum" (Traduction en araméen de la Thora à valeur exégétique) renvoie à l'idée de "joie". 

C'est pourquoi l'Eternel ordonna au grand Patriarche d'appeler son fils "Its'hac" ("il rira"). Dès lors, Abraham puis ses descendants authentiques, Israël, oeuvrent pour réhabiliter la joie originelle. 

Deux mille ans de chaos et de tristesse, deux mille ans de Thora et, enfin, deux mille ans pour préparer l'avènement du Messie, comme l'enseignent nos Sages avec, pour paroxysme, la joie retrouvée, pour le bien de l'humanité tout entière, "joie éternelle sur leur visage" (Traité "Shabbat", 88 a sur Is. XXXV, 10).

Ceci étant : l'histoire de l'humanité travaille à récupérer cette joie métaphysique, perdue avec la Faute d'Adam. Elle la retrouvera à la Fin des Temps dans toute sa plénitude, comme il est dit : "Les rachetés de l'Eternel reviendront ainsi et entreront dans Sion en chantant, une joie éternelle sur leur visage ! " (Is. XXXV, 10).

Certes, la technologie –introduite dans l'humanité par Noa'h- soulage la vie. Mais, aussi développée soit-elle, elle ne saurait procurer la félicité. Celle-ci ne s'obtiendra que par l'aspiration aux valeurs morales dans leur plénitude, à l'amour et à la foi.

Abraham incarnait tellement la joie qu'il a appelé son fils du nom de ce sentiment. Il la portait en lui non seulement parce qu'il aimait et croyait en l'Eternel mais aussi parce qu'il veillait jalousement à inculquer ces principes à sa maison : "Je (l'Eternel) sais qu'il ordonnera de (les) inculquer après lui et qu'ils garderont la voie de Dieu, en pratiquant la charité et la justice. 

Dieu apportera alors à Abraham tout ce qu'Il a promis" (ibid. XVIII, 19), héritage spirituel qui s'est effectivement perpétué au sein du "peuple éternel";

Par-là, comme souvent mentionné, le grand Patriarche est devenu source de bénédiction pour l'humanité tout entière. 

Durant toutes les années où notre rayonnement était éclipsé par l'exil, cette joie était comme cachée. Mais elle se dévoilera finalement. 

"Donne-nous des jours de satisfaction aussi longs que les jours où Tu nous as affligés, que les années où nous avons connu le malheur" (Ps. XC, 15).
Dans l'attente de la Délivrance pleine et entière.

Rav Dov Bigon 

Source: Machon Meir