



Étudier de la Torah, c’est comprendre notre insignifianc
Il est dit dans notre Parasha :
Il prit le Livre d’Alliance et lut aux oreilles du peuple. Ils dirent : « Tout ce qu’Hashem ordonne, nous l’accomplirons et nous l’écouterons. » (Shemot 24-7)
Ce verset vient nous apprendre qu’Israël devança l’accomplissement à l’étude (Na’asé Venishma’).
Nos maîtres racontent – dans la Guemara Shabbat (88a) – qu’un Tsadouki (secte de personnes considérées comme renégats puisqu’ils ne croient qu’en la Loi Ecrite et renient le fait qu’Hashem a aussi donné une Loi orale) aperçu un jour Rava qui était assis et étudiait si profondément la Torah qu’il ne se rendit pas compte que ses doigts se trouvaient sous ses pieds (ils avaient l’habitude à cette époque de s’asseoir par terre) et commençaient à saignés.
Le Tsadouki lui dit : « Vous n’êtes qu’un peuple impulsif et vous ne réfléchissez pas correctement, car vous avez laissé votre bouche devancer vos oreilles en disant « Na’assé Venishma’ ! »(« Nous accomplirons et nous écouterons. »)! Vous auriez dû d’abord écouter ce qu’Hashem vous ordonne, et seulement ensuite accepter sur vous-même d’accomplir sa volonté, et non l’inverse. Vous êtes d’ailleurs toujours aussi impulsifs puisque vous ne faites même pas attention à ce qui vous arrive ! »
Rava lui répondit :
« Nous qui marchons de façon intègre et innocente avec Hashem, le verset parle de nous ainsi : « L'intégrité des justes est leur guide… » Mais vous qui n’êtes remplis que de calomnies et de perversions, voici comment le verset parle de vous : « … la perversion des gens sans foi est leur ruine. » (Mishlé 11)
Question
Quel rapport y a-t-il entre la prétendue impulsivité du peuple d’Israël dénoncée par ce Tsadouki, et le fait qu’il aperçoit Rava en train d’étudier si profondément la Torah qu’il ne s’aperçoit pas que du sang coule de ses doigts coincés sous ses pieds ? Quelle impulsivité peut-il y avoir dans le fait de se « donner » complètement dans l’étude de la Torah ?
Réponse
Nos maîtres enseignent (Midrash Rabba sur Ei’ha Parasha 2):
Si l’on vient te dire : la sagesse existe chez les nations, crois-le. Mais si l’on vient te dire : La Torah existe chez les nations, n’y crois pas.
La Torah est la possession exclusive du peuple d’Israël, mais la sagesse appartient aussi aux nations.
Il est enseigné dans les Pirké Avot (chap.6 Mishna 5) que la connaissance de la Torah s’acquiert grâce à 48 qualités, et l’une de ces qualités est la foi dans les paroles de nos maîtres.
Lorsqu’un jeune homme fait ses premiers pas dans l’étude du Talmud, il doit savoir que lorsqu’il a des difficultés à saisir le sens des propos de Rashi ou des Tossafot, il ne fait pas l’ombre d’un doute que la lacune provient uniquement de lui-même, et elle est la seule cause à cette incompréhension. Que doit faire cet étudiant ?
Il doit approfondir son analyse au maximum jusqu’à arriver à une compréhension droite et juste de Rashi ou des Tossafot. La foi dans les paroles de nos maîtres fait qu’il est impensable et même inconcevable qu’à chaque fois que l’on ne comprend pas les propos de Rashi, nous allions prétendre que ses propos sont – ‘Hass Veshalom – incohérents, et nous octroyer le droit de contester son opinion. La seule chose qui peut nous sauver d’une telle attitude c’est cette Emounat ‘Ha’hamim (foi dans les enseignements de nos sages) qui nous a été transmise par nos maîtres, et par les maîtres de nos maîtres, qui nous ont toujours affirmé que les sages qui nous ont précédés sont semblables aux Anges, et que nous devons toujours approfondir leurs enseignements pour les comprendre.
De même, il est enseigné dans la Guemara ‘Haguiga (22b) que Rabbi Yehoshoua’ eut un jour du mal à comprendre les enseignements des élèves de Shamaï, et de ce fait, il contesta leur opinion et s’exprima de façon insultante à leur égard en disant : « J’ai honte de vos paroles, élèves de Shamaï ! » Mais un élève vint le trouver et lui expliqua comment il fallait comprendre ces enseignements des élèves de Shamaï. Immédiatement, Rabbi Yehoshoua’ se précipita au cimetière pour se recueillir devant les tombes des élèves de Shamaï (qui avaient disparu depuis longtemps).
Il dit : « Je viens vous répondre, ossements des élèves de Shamaï. Si vos enseignements les plus flous sont d’une telle richesse, que devons-nous dire de vos enseignements les plus explicites ! » On raconte que durant le restant de sa vie, ses dents restèrent noires en conséquence au grand nombre de jeûnes qu’il observa pour se faire pardonner son manque de respect vis-à-vis des élèves de Shamaï.
Nous comprenons maintenant la réaction de ce Tsadouki envers Rava.
Un Tsadouki – qui ne reconnaît pas l’existence de la Torah orale donnée par Hashem à Moshé Rabbenou sur le Mont Sinaï – n’est pas à même de comprendre l’attitude de Rava qui – totalement absorbé par son étude de la Torah – investit toute sa personne afin de comprendre les enseignements des sages qui l’ont précédé, au point de ne même pas ressentir ses doigts saigner. De plus, il constate que ce n’est pas seulement Rava qui consacre toutes ses forces dans la compréhension de l’étude de la Torah, mais aussi ses parents ainsi que leurs maîtres et tous ceux qui les ont précédés. Le Tsadouki ne peut se contenir et cri : « Vous n’êtes que des impulsifs ! Car lorsqu’on ne comprend pas quelque chose, c’est qu’il s’agit d’une chose incohérente ! Vous devez donc déchirer la page du livre et continuer à vivre à votre convenance ! Cette attitude impulsive dénuée de toute réflexion, vous la tenez de vos ancêtres qui – sans même avoir pris connaissance du contenu de la Torah – ont déclaré qu’ils étaient prêts à l’accomplir et ensuite seulement à l’étudier ! »
C’est donc pour cela que nos maîtres enseignent qu’il n’y a pas de Torah chez les nations, car ils ne possèdent pas cette foi dans les paroles des sages qui fournit cette aptitude à accorder du crédit et à approfondir les paroles de ceux qui nous ont précédés. C’est pourquoi, le verset dans Mishlé nous illustre en disant : « L'intégrité des justes est leur guide… » Car nous parvenons toujours au bout du chemin de la compréhension de la vérité. Alors que sur ce Tsadouki et ses semblables il est dit : « … la perversion des gens sans foi est leur ruine. » Car leur attitude perverse et dédaigneuse vis-à-vis des sages qui les ont précédés les mène à la falsification de la vérité.
Il nous incombe d’approfondir et de croire dans les paroles de nos maîtres. Même lorsqu’on ne comprend pas les paroles de quelqu’un qui nous dépasse dans la connaissance de la Torah, nous devons annuler notre opinion devant la sienne. Celui qui agit ainsi, se verra garantir que « L'intégrité des justes est leur guide… », et qu’Hashem lui donnera le mérite de toujours parvenir à la vérité et à toujours agir de façon juste. Nous avons déjà constaté auprès des Grands de ces dernières générations à quel point ils se sont investis dans l’étude de la Torah pour arriver à une compréhension très approfondie des paroles des Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale). On connaît également de nombreuses histoires au sujet de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Shalita qui – du fait de sa grande concentration dans son étude – ne remarque même pas ce qui se passe autour de lui, au point où, un jour, alors qu’il était monté su une échelle pour atteindre un livre placé en hauteur, il resta un long moment en train de consulter ce livre sur l’échelle, et lorsqu’il désira reculer, il oublia où il se trouvait, et tomba du haut de l’échelle.
Qiu’Hashem nous donne le mérite de ne marcher que sur la voie de la vérité.
Chabbat Chalom
Source: Gaon Rabbi David SHALTIEL Shalita de Jérusalem, Halacha Yomit