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Des scientifiques israéliens utilisent les nanotechnologies contre le cancer de l'ovaire

Les chercheurs de l'Université de Tel Aviv mettent à profit les nanotechnologies pour attaquer les tumeurs de l'ovaire, particulièrement résistantes aux traitements médicaux classiques.

Le cancer de l'ovaire

Le cancer de l'ovaire touche plusieurs milliers de femmes chaque année en France (4375 en 2005). Il représente 3,2% des cancers féminins.

La mortalité due à cette maladie est de 4,6/100.000 femmes, sachant que l'incidence (nombre de femmes touchées) est de 8,1/100.000.

A l'exception des antécédents familiaux, il n'y a pas de facteurs de risques particuliers pour expliquer l'apparition de ce type de cancer.

Les symptômes sont peu spécifiques, ce qui explique le retard de nombre de diagnostics. Celui-ci s'effectue grâce à l'analyse histopathologique d'une masse suspecte au niveau des ovaires.

Le traitement consiste en une opération chirurgicale pour retirer l'appareil génital en entier et une chimiothérapie afin d'éliminer toutes les cellules cancéreuses. A noter que les traitements contraceptifs oestro-progestatifs diminueraient considérablement les risques d'apparition de la maladie.

Une nouvelle stratégie thérapeutique

Le professeur Dan Peer du Department of Cell Research and Immunology de l'Université de Tel Aviv a proposé une nouvelle stratégie pour s'attaquer à un sous-type de cancer de l'ovaire particulièrement agressif. Cette stratégie repose sur un système de délivrance des médicaments à l'échelle du nanomètre afin de cibler des cellules cancéreuses de manière spécifique.

L'équipe de chercheurs - Keren Cohen et Rafi Emmanuel du Peers' Laboratory of Nanomedicine ainsi qu'Einat Kisin-Finfer et Doron Shabbat, de la School of Chemistry de l'Université de Tel Aviv - a réalisé un amas de nanoparticules appelé gagomère, fait de gras et enrobé de polysaccharides.

Une fois rempli avec des médicaments de chimiothérapie, cet amas s'accumule dans les tumeurs et libère les principes actifs.

L'objectif de la recherche du groupe mené par le professeur Peer est double : fournir une cible spécifique pour les médicaments anti-cancer afin d'augmenter leurs effets thérapeutiques et diminuer les effets secondaires toxiques lors des thérapies anti-cancéreuses.

L'étude a été publiée dans le journal ACS Nano.

Les raisons de l'échec de la chimiothérapie et les gagomères

D'après le professeur Peer, les traitements traditionnels n'ont pas une force d'attaque assez efficace. Cette inefficacité est due à l'incapacité du médicament à être absorbé et maintenu assez longtemps dans la tumeur pour la détruire.

Dans la plupart des cas, le principe actif chimiothérapeutique est presque immédiatement rejeté par la cellule cancéreuse, endommageant sévèrement les organes sains qui l'entourent et laissant les cellules tumorales intactes. "Les cellules cancéreuses deviennent résistantes très rapidement.

Après les multiples séances de chimiothérapie classique, la tumeur commence à évacuer les médicaments comme mécanisme de survie, explique le professeur Peer. La plupart des patientes avec des cellules tumorales découvertes hors des ovaires font une rechute et meurent à cause du développement de résistance aux médicaments.

Nous voulions créer un mode de délivrance sur, qui n'endommagerait pas les organes ou le système immunitaire du patient."

Le professeur Peer a d'ailleurs choisi de consacrer ses recherches à la lutte contre le cancer de l'ovaire car sa belle-mère est décédée de cette maladie à l'âge de 54 ans.

"Elle recevait tous les traitements chimiothérapeutiques et a survécu seulement un an et demi. Elle est décédée à cause de tumeurs agressives résistantes aux traitements".

Une stratégie payante

Lors des tests des gagomères sur des tumeurs induites chez des souris, le professeur Peer et ses collègues ont vu une accumulation 25 fois plus importante des taux de médicaments dans les tumeurs et une diminution drastique de ces mêmes taux dans les organes sains.

Les récepteurs présents sur les cellules tumorales reconnaissent les polysaccharides qui enrobent les gagomères et leur permettent de se lier à elles, autorisant ainsi l'entrée des particules de principe actif dans les cellules cancéreuses.

Alors que de plus en plus de molécules chimiothérapeutiques s'accumulent à l'intérieur des cellules tumorales, celles-ci commencent à mourir après 24 à 48 heures de traitement.

Le professeur Peer espère que cette nouvelle stratégie fera l'objet d'essais cliniques dans les prochaines années.

Source: bulletin-electronique