


24000 morts pour une "pointe de détail"
En sortant d'Egypte, D ieu avait proclamé aux enfants d'Israël : « vous Me servirez, vous
M'adorerez sur cette montagne, le mont H'orev ».
Ce verbe « servir » est construit de façon étonnante. Il se termine par la lettre Noun. Cette
consonne n'a pas sa place à la fin de ce mot car l'hébreu n'en a pas besoin.
Pourquoi donc cette
lettre supplémentaire, apparemment inutile ? C'est pour nous proposer un enseignement. De quoi
s'agit-il ?
La valeur numérique de cette lettre est cinquante. Ce chiffre correspond au nombre de jours
qui sépare Pessah' de Chavouot, la Fête des Semaines, ou le don de la Torah.
Il est intéressant de noter qu'aucune autre fête n'est précédée d'un nombre de jours précis
annonciateur de la fête suivante. Si, dans notre cas, cette période est annoncée nommément, c'est
pour nous apprendre l'amour dont étaient animés les hébreux qui se préparaient à recevoir avec
avidité cette Torah.
Quant on est proche d'un événement heureux, auquel nous tenons tout particulièrement, on
prend soin de compter jour après jour le temps qui nous sépare du moment tant attendu. C'est le
cas des béné israël avant de recevoir la Torah.
Mais qui a demandé aux enfants d'Israël à cette supputation ? Il est vrai que le noun
l'indique, mais peut-on se fier à une lettre supplémentaire pour appliquer une règle uniquement
fondée sur un calcul plus ou moins savant ?
Sachons d'ores et déjà que ce qu'on appelle communément « calcul numérique » ou « guématriote » n'est qu'un moyen de découvrir la similitude entre deux ou plusieurs événements pour s'assurer que tout concorde bien. Mais cela ne constitue pas une preuve formelle de ce que l'on avance grâce à ces calculs.
Aussi, d'où nous vient ce devoir de compter journellement les jours du Omer qui s'étendent
de Pessah' à Chavouot ?
Avant d'aller plus avant, posons nous la question : qu'est donc ce Omer ?
A l'époque des Temples, chacun devait apporter une quantité de nourriture correspondant à
une journée complète en sacrifice pour D ieu. Cette offrande était brûlée. Cette offrande, à quoi
sert-elle ?
Il convient de retenir que de la même façon qu'on ne met aucun aliment en bouche avant de
demander l'autorisation à D ieu par une bénédiction, quand on récolte le produit du sol, on ne peut
pas en profiter tant qu'on n'a pas procédé à différents prélèvements.
Le Omer représente les
prémices du fruit que l'on appelle maïs. Il existe certes du blé, de l'orge, de l'avoine, du seigle, de
l’épeautre, mais le premier à donner ses fruits est le maïs. C'est pourquoi c'est lui que l'on a choisi.
Chaque juif devait donc apporter un « omer » d'orge au Temple de Jérusalem de Pessah' à
Chavouot, c'est-à-dire, à partir du second séder de Pessah' jusqu'à la fête du don de la Torah.
Maintenant nous savons que du point A – Pessah' au point B - Chavouot s'écoulent 50 jours.
Ce sont
des jours heureux puisqu'on se réjouit de l'apparition future de D ieu qui va offrir la Torah au
peuple hébreux.
Pendant cette même période, mais bien plus tard, c'est-à-dire au deuxième siècle, vingt
quatre mille élèves de Rabbi Akiva sont morts.
Pour cette raison, cette belle période d'attente est
entachée du deuil de ces élèves. On pourrait se demander légitimement pourquoi les rabbins n'ont
pas institué une période de deuil pour la Shoah.
Après tout, si pour 24000 morts, on célèbre un
deuil, comment ne le ferions-nous pas pour six millions ? En vérité, dans cette même période du
Omer, on rappelle également ce terrible événement dans toutes les synagogues et on peut dire que
ce souvenir continue pendant la même période que les 24000 élèves de Rabbi Akiva, soit 34 jours.
Attention, les ashkénazim commencent ce décompte de 34 jours un peu plus tard, à roch
rodech Iyar, pour le terminer le 49ème jour du Omer. Mais le nombre de jours de deuil reste le
même.
Tandis que les sépharadim commencent quant à eux dès le deuxième séder jusqu'au 34ème
jour du Omer pour ce deuil.
Mais les uns comme les autres font le compte du Omer à partir du deuxième soir du séder
jusqu'au 49ème jour.
Cette différence, entre sépharades et ashkénazes tient simplement au fait de savoir quand il
fallait commencer à prendre le deuil pour ces circonstances.
On peut affirmer avec force que les motifs de la shoah nous échappent totalement. Il ne serait
pas crédible de justifier d'une façon ou d'une autre ce cataclysme.
En revanche, concernant les élèves de Rabbi Akiva, le motif avancé est qu'ils ne se
respectaient plus les uns les autres. Si, aujourd'hui, cette raison relevait de la même importance,
l'univers serait décimé. C'est pour cette raison que j'ai parlé de « détail » et non comme certains
l'emploie concernant la shoah.
Rabbi Akiva, Maître de tous ces élèves, n'avait-il pas pu empêcher cela ? Après tout, il était
leur Maître. Il se devait donc de réagir. Dans un livre que je vous conseille, qui s'intitule « Rabbi
Akiva, l'Histoire d'un éminent Maître de la Michna, le Docteur Marcus Lehmann stipule la réaction
de Rabbi Akiva, page 240 de cet ouvrage, à la dernière ligne et poursuit jusqu'à la fin du 1er
paragraphe de la page 241 : « Le juste disparaît et personne ne s'en émeut » …....
« Ah ! Mes
élèves, mes fils ! Vous êtes pieux et bons ; animés d'un zèle ardent, vous consacrez vos jours et vos
nuits à l'étude de la Torah. Mais beaucoup d'entre vous, fiers de leur science, ne marquent pas
assez d'estime et d'amitié à leurs camarades qui n'ont pas pu s'élever à leur rang.
Réfléchissez y
mes fils et fuyez l'orgueil ! Si pour faire cet effort sur vous-mêmes, vous prenez exemple sur les
modestes et humbles chefs d'Israël qui, hier, ont du mourir, ces nobles âmes vous préserveront du
désastre qui vous menace en vous permettant cette autre parole du prophète : « c'est parce que
ceux-là dorment sur leur lit de repos que viendront la paix et le bonheur ».
On peut donc noter deux informations importantes : la première, les niveaux de savoir ne
s'équivalaient pas. D'autre part, que les plus érudits n'étaient pas attentifs et suffisamment
respectueux et aimants de leurs frères inférieurs en savoir.
Ceci se produit souvent dans une classe. Les plus élevés en savoir méprisent parfois les
autres. Les autres les traitent de « tous les noms » pour avoir atteint ce niveau, mais en cas
d'examen, ils sont heureux de les trouver pour exprimer un savoir qu'ils n'ont pas encore acquis.
La preuve est faite. Rabbi Akiva avait bel et bien prévenu ses élèves. Mais ces derniers,
animés d'un orgueil débordant, n'ont pas suivi les conseils du Maître et voici que l'épidémie de la
diphtérie décima ces 24000 élèves.
Pourquoi rappelleton cet événement, précisément pendant le Omer ?
C'est tout simplement qu'historiquement, c'est pendant cette période que se produisit cette
plaie dévastatrice. D'autre part, en attendant le don de la Torah, on nous met, en quelque sorte, en
garde pour ne pas reproduire les mêmes attitudes visàvis du prochain.
Ce que l'on sait doit être
proposé à celui qui ne sait pas encore. On ne peut pas garder son savoir en matière de Torah
égoïstement. C'est pour cette raison que, même pendant cette heureuse période du omer, on
marque, si l'on peut dire, un demi deuil pour préciser combien il est important de divulguer son
savoir de Torah à qui veut bien l'entendre. Ce n'est pas une faculté, une éventualité, mais un
devoir.
On peut alors dire que nous jumelons joie et demi-deuil pour, d'une part, nous réjouir comme
il se doit du don proche de la Torah mais sans oublier que cette Torah est pour chacun d'entre nous
sans distinction.
En nous souvenant de cette triste période en pleine joie, on se remémore le départ
de tant de nos frères qui nous rappelle que la mort est toute proche si on ne prend pas garde aux
voisins mal intentionnés.
A nous maintenant de prendre un nouveau départ intellectuellement pour que, plus jamais,
pareil supplice ne se reproduise.
Cela passe bien évidemment par l'investissement sans compter
dans l'étude de la Torah et l'accomplissement des lois que nous devons propager partout autant que
nécessaire. Alors, l’avènement messianique viendra frapper rapidement à notre porte.
RAV BITAN
www.rabbinbitan.fr
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06 50 75 16 07
Spécialiste dans la préparation à la conversion.
Agréé par le Consistoire
Rabbin psychologue.
Israël Gagnant
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