

Un pelerinage miraculeux
En octobre 2012, des soldats de Tsahal
patrouillent le long de la frontière de Gaza quand ils remarquent un
colis suspect : le commandant Ziv Shilon s’approche et le colis,
actionné à distance par des terroristes, explose, le blessant grièvement.
«Il était deux heures du matin» raconta plus tard Ziv aux média
israéliens. «J’ai rampé jusqu’à la charge moi-même car je craignais que,
si un autre s’exposait, il ne saurait pas la désamorcer. Je sentais que
je risquais de me blesser car les terroristes profitent de l’obscurité
mais j’ai estimé qu’il était de mon devoir de m’impliquer, avec tous les
risques inhérents à ce genre d’opérations».
De fait, Ziv
perdit sa main gauche - arrachée par l’explosion - mais trouva la force
de courir rejoindre son commando, de peur d’être kidnappé. Sa main
droite saignait abondamment. Il fut transporté d’urgence en hélicoptère à
l’hôpital. Sa convalescence s’annonçait d’ores et déjà comme
douloureuse et longue : on lui posa une prothèse pour remplacer sa main
gauche mais sa main droite ne fonctionnait plus.
Dès que
l’incident fut connu, Rav Menachem Kutner – responsable Loubavitch pour
le bien-être des victimes du terrorisme – contacta Ziv, le réconforta et
l’encouragea : Ziv était un homme jeune prometteur, dont la vie avait
brusquement basculé, dont les rêves s’étaient écroulés.
Après plusieurs
mois de rééducation, Ziv se remit un peu, bien que, psychologiquement,
il restait très fragile et déprimé. Rav Kutner lui proposa de se joindre
à un groupe d’autres soldats pour un voyage de détente organisé à New
York sous sa direction.
«Nous avons visité New York avec toutes
ses attractions, même celles que la plupart des touristes ne peuvent
s’offrir comme par exemple un tour de la ville en hélicoptère, une
visite d’un stade sportif et toutes sortes d’activités adaptées aux
handicapés.
Nous avons consacré le vendredi à l’aspect juif avec, en
particulier, une visite à Queens, au Ohel, le tombeau du Rabbi puis à
Brooklyn, dans le bureau du Rabbi suivi d’une promenade dans le quartier
de Crown Heights, quand les ‘Hassidim se préparent pour l’entrée de
Chabbat, spectacle hautement sympathique et surréaliste pour des
Israéliens blasés.
Dans l’autobus qui nous conduisait de notre
hôtel à Manhattan vers le Ohel, je pris le micro pour expliquer comment
un ‘Hassid se prépare avant d’entrer au Ohel : il se trempe au Mikvé
(bain rituel), il écrit une lettre où il demande sincèrement au Rabbi de
l’aider, il prie du plus profond de son cœur…
La visite ne devait durer qu’une heure mais la rédaction même de leur lettre demanda aux soldats plus d’une heure : chacun avait pris très au sérieux mes recommandations, certains avaient même tenu à se tremper au Mikvé situé à côté du Ohel.
Ils avaient compris que le Rabbi aime chaque Juif et
souhaite son bien-être. Ziv avait tenu lui aussi à écrire lui-même au
Rabbi, malgré le peu de maniabilité de sa prothèse et il signa de son
prénom et celui de sa mère.
Puis chacun pénétra dans le Ohel : je leur
proposai de lire avec eux le chapitre de Tehilim (Psaumes) correspondant
à leur âge. Ziv m’informa qu’il avait 25 ans et nous avons donc lu
ensemble le chapitre 26. Puis Ziv se ravisa : en fait, il n’aurait 25
ans que dans dix jours ! Nous avons donc repris le Tehilim et lu le
chapitre 25. Ensuite, malgré la difficulté, Ziv tint à déchirer lui-même
la lettre qu’il venait de lire devant le tombeau comme le veut la
coutume.
Quand nous sommes sortis du Ohel, certains de ces
soldats pourtant endurcis par leurs souffrances et leur éducation laïque
ne cachèrent pas leurs larmes et leur émotion. L’un d’entre eux en
particulier ne cessa pas de pleurer tout le long du trajet jusqu’à
Brooklyn.
Après notre visite à Crown Heights, nous sommes
retournés à l’hôtel de Manhattan et nous avons pris part au repas
organisé par le Beth ‘Habad de Rav Uriel Vigler pour 500 membres de sa
communauté : les soldats étaient les invités d’honneur. Ziv insista pour
s’asseoir à côté de moi et il m’expliqua : «Avant d’entrer au Ohel, je
me suis dit que, s’il se trouvait le mot «main» trois fois dans mon
chapitre de Tehilim, ce serait un signe que le Rabbi me bénirait et que
ma main droite guérirait.
De fait, les médecins m’avaient conseillé de
procéder à l’amputation de cette main qui, selon eux, n’avait aucune
chance de fonctionner à nouveau et pourrait s’infecter mais j’avais
refusé de toutes mes forces. Quand vous avez lu le chapitre 26, je
ressentis une grande joie car on y trouve trois fois le mot «main»
(versets 6, 10 et 11).
Mais quand je remarquai que je m’étais trompé et
que nous avons lu le chapitre 25, je n’y trouvais aucune allusion à la
main. Depuis, je suis désespéré, j’ai l’impression que je ne mérite pas
de bénédiction et que je ne guérirai jamais !».
J’étais
bouleversé par sa situation. Comment pouvais-je le réconforter ? Mais
D.ieu m’envoya la bonne réponse et je demandai à Ziv quelle était
exactement sa date de naissance – en hébreu et non selon le calendrier
habituel.
- Je suis né le 23 Iyar, répondit-il.
- Nous
sommes justement aujourd’hui le 23 Iyar ! remarquai-je avec étonnement.
C’est donc le jour de ton 25ème anniversaire ! Et nous avons bien lu le
chapitre de Tehilim 26 correspondant à ton âge !
Qui peut décrire sa joie et son émotion ? Le Rabbi l’avait certainement béni et il retrouvait confiance et réconfort.
Le mardi, Ziv m’appela : «Regarde ! J’arrive à bouger un peu les doigts de la main droite, mon unique main !»
Depuis son opération, ses doigts avaient refusé de lui obéir.
«Je suis entré au Ohel le jour de mon anniversaire et le Rabbi m’a béni ! Sa bénédiction commence déjà à s’accomplir !»
Depuis, ses progrès sont remarquables. Ziv parvient même à bouger la
main : bien sûr, une rééducation est encore nécessaire mais Ziv est en
bonne voie et les médecins ne lui parlent plus d’amputation mais au
contraire l’encouragent maintenant à persévérer !