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Contes Juifs

Le souci du monde

Contes Juifs

Qu'est-ce que le temps d'une vie occupée du seul souci du monde ?

Les heures mécaniquement comptées par l'horloge ? Elles ne sont que les jalons conventionnellement posés le long de la route fuyante, jalons qui ne limitent rien, simples commodités de langage qui ne peuvent retenir la chute vertigineuse de l'instant dans le gouffre sans fond du passé.

Pourtant, il peut être donné, à celui qui, soucieux de profondeur, a su dépasser la fausse évidence des choses, que quelques mots entendus soutiennent sa vie lors même que, de cette vie, le temps s'absorbe dans la plus impitoyable, la plus cruelle Histoire.

Ces mots furent entendus au coeur d'un monde ensuite évanoui. Un jeune homme les avait fébrilement écoutés pour les mêler au plus intime de son être. Ce fut pour lui un moment d'apogée, par un matin clair, au printemps de la vie.

Chaque année, au soir de Roch Hachana, les étudiants de la Yéchiva se souhaitaient une année bonne et douce et il avait goûté, ce matin là, pour ne plus jamais l'oublier, à la plénitude de la douceur.
Parmi la foule, à New-York, un homme à la barbe blanche attend.

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Un caroubier et une source

Contes Juifs

(Talmud, Chabbat 33b)

Rabbi Yehouda, Rabbi Yossi et Rabbi Chimone étaient assis non loin de Yehouda, un fils de prosélytes. Rabbi Yehouda entama la discussion en observant :

- «Quel raffinement dans les œuvres de ce peuple (les Romains) ! Ils ont construit des routes, des ponts. Ils ont érigé des thermes».

Rabbi Yossi resta silencieux. Rabbi Chimone bar Yo’haï répondit :

- «Tout ce qu’ils ont fait, ils l’ont fait pour leur propre bénéfice. Ils ont construit des marchés et y ont placés des prostituées, des bains, pour s’y rajeunir, des ponts pour lever des péages pour eux».

Yehouda, le fils de prosélytes alla rapporter leur conversation et ces propos arrivèrent aux oreilles du gouvernement. Ils décrétèrent :

- «Yehouda, qui nous a loués sera loué. Yossi qui est resté silencieux sera exilé à Sephoris. Chimone qui nous a critiqués sera exécuté».

Rabbi Chimone, accompagné de son fils, partit se cacher dans la salle d’étude. Sa femme leur apporta du pain et un broc d’eau et ils dînèrent. Quand les menaces devinrent plus sévères, ils s’en allèrent se cacher dans une grotte.

Un miracle se produisit et un caroubier et une source d’eau vive furent créés pour eux. Ils enlevèrent leurs vêtements et s’assirent, enfouis dans le sable jusqu’au cou. Ils étudiaient tout le jour. Quand venait le moment de prier, ils se couvraient, priaient et enlevaient à nouveau leurs vêtements pour ne pas qu’ils s’usent. Ils restèrent ainsi douze ans dans la grotte.

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Des lettres pour le grand-père

Contes Juifs

L’été dernier, j’ai assisté au Congrès International des Juifs russophones qui se tenait à Moscou, dans le tout nouveau et impressionnant Centre Communautaire de Marina Rochtsa.
Lors d’une soirée, j’ai raconté que je me souvenais de l’ancienne synagogue qui se tenait à cet endroit avant qu’un incendie criminel ne la détruise, il y a quelques années : cette synagogue était une des seules que le pouvoir communiste n’avait pas fermée mais elle était bien misérable. “Voyez comment ce Centre Communautaire est beau maintenant, quelle merveille!”.

A ce moment, un des Juifs présents se tourna vers moi et me dit: “Moi aussi, j’ai connu la synagogue auparavant et je comprends très bien votre émotion!”. Je lui demandai quand il s’était rendu ici et il me répondit: “Dans des circonstances très particulières, au début des années 80”.
C‘est dans ma chambre d’hôtel qu’il me raconta son histoire, jusqu’à deux heures du matin…

Il s’appellait Morde’haï (on l’appelle “Mitié”, et il ne voulut pas me donner d’autres détails sur son identité si ce n’est qu’il est aujourd’hui un homme d’affaires aux Etats-Unis).
Il était né dans la ville de Naltchik dans le Caucase et, bien qu’il n’ait reçu qu’un minimum d’éducation juive, son judaïsme était très important à ses yeux. Quand arriva l’âge du service militaire, ce fut pour lui une catastrophe : c’était l’époque de la guerre des Soviétiques contre l’Afghanistan.

Du fait que les Caucasiens, comme les Afghans, étaient musulmans, les autorités russes ne leur faisaient pas vraiment confiance. Morde’haï savait que s’il était envoyé en Afghanistan, il serait considéré comme musulman et on ne lui donnerait pas d’arme ; il ne serait pas incorporé à des unités combattantes mais on l’obligerait à accomplir toutes les corvées et même les travaux dangereux dans lesquels il risquerait sa vie.
Il n’y avait qu’une seule façon de se dégager du service militaire : par l’argent.

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