
L'odeur blanche : une découverte de l'institut Weizmann
Si la capacité à apprécier l'homogénéité de la
couleur blanche parait triviale pour chacun de nous, l'écoute d'un bruit
blanc se singularise, lui, par le même concept. A défaut de résulter
d'un mélange de fréquences lumineuses de même intensité, le bruit blanc
est constitué d'une combinaison de fréquences sonores variées mais de
même densité spectrale.
Cette "sensation de blanc" pourrait aussi concerner l'olfaction comme le
suggèrent les derniers travaux du groupe du Dr. Noam Sobel au
département de neurobiologie de l'Institut Weizmann (Rehovot, Israel).
Cette question était jusqu'alors difficile à aborder à cause des limitations techniques pour obtenir des senteurs dont les intensités sont identiques. Afin de relever ce défi les auteurs ont sélectionnés 86 parfums "purs" (c'est-à-dire constitués d'un seul type de molécule odorante) couvrant la totalité du spectre olfactif pour les diluer jusqu'à atteindre des intensités égales et créer des mélanges homogènes. Ces mélanges ont été présentés par paires à des bénévoles, qui ont été invités à les comparer.
De manière intéressante, les auteurs montrent
que lorsque ils augmentent le nombre de composés odorants qui ne se
ressemblent pas mais qui ont la même intensité alors les mélanges sont
perçus comme identiques.
Plus précisément, un mélange 1) contenant un
minimum de 30 composés d'intensité odorante identique et 2) couvrant le
spectre olfactif, produit une "odeur blanche". Ce résultat majeur montre
que les représentations olfactives résultent des caractéristiques
physiques plus que de l'identité des molécules odorantes.
Pour pousser l'étude plus loin et vérifier que le nombre de composés
joue bien un rôle dans la production de l'odeur blanche, les chercheurs
ont soumis les personnes participant à l'étude à une tache
d'identification olfactive.
Les personnes devaient venir pendant 3 jours consécutifs pour sentir et noter des mélanges à l'aide de 146 éléments de description. Les mélanges composés de 40 molécules ont étés nommés Laurax pour éviter les biais liés a l'absence d'annotation (pouvant être interprétée comme blanc).
Le 4e jour les sujets sont soumis à de
nouveau mélanges composés de moins de 1, 4, 10, 20, 30 ou 40 molécules.
Les résultats montrent que les personnes attribuent plus souvent
l'identité Laurax (donc odeur blanche) aux cocktails faisant appel à
plus de 30 molécules.
Une question soulevée par le Dr. Sobel part du constat que dans le monde
réel les mélanges de plusieurs molécules odorantes comme le vin, le
café ou la rose ne produisent pas d'odeurs blanches.
La réponse réside sans doute dans le fait que les divers composés constituant ces "objets olfactifs" ne couvrent pas l'ensemble du spectre olfactif. La seconde considération et que les molécules odorantes du vin ou du café ne sont pas toutes de même intensité. Le cocktail est déséquilibré, une remarque valide pour la plupart des mélanges naturels.