
Israël invente le laser qui détecte les explosifs
Jadis, lorsqu'un paquet était susceptible
de représenter un danger quelconque, un brave homme devait mettre en
péril sa vie pour le bien de la communauté en vérifiant ce qu'il
contenait. Puis, le génie robotique a permis à des hommes, tout aussi
braves, mais à l'abri, de téléguider des robots pour effectuer cette
tâche.
Ainsi, pendant certaines vagues d'attentats en Israël, il était courant de voir un périmètre bouclé tandis qu'une machine, au long bras articulé, s'avançait sans peur vers une mallette suspecte. La situation s'est donc améliorée, mais le processus est long et laborieux, d'autant que des démineurs professionnels sont souvent requis. Une équipe de chercheurs du Technion - Israel Institute of Technology vient de breveter un laser de détection d'explosifs, qui rend la procédure beaucoup plus rapide.
Des alertes qui paralysent la vie de milliers de personnes
Le 5 juin 2013, à 13h00, une alerte au colis suspect fut
déclenchée dans un magasin de téléphonie d'Angoulême.
Les démineurs n'arrivent qu'à 15h45, certainement en raison de la difficulté d'acheminer le matériel et d'organiser la sécurité du voisinage. A 16h50, les démineurs font exploser la mallette : celle-ci ne contenait que des effets personnels.
Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres :
chaque jour, dans une société de plus en plus anxiogène, des quartiers,
des aéroports et des stations de métro sont bloqués en raison d'alertes,
paralysant ainsi de manière ponctuelle la vie de plusieurs centaines ou
milliers de personnes.
Détection en 1 minute chrono
La donne pourrait changer, grâce à une équipe du Technion, qui a
récemment déposé un brevet pour une technique de détection par laser
d'explosifs, mais aussi de drogues, qui ne prend qu'une minute à opérer
[2].
Cette technique répondant au nom de MEES (Multiphoton Electron Extraction Spectroscopy)
est le fruit d'un travail de 2 ans, conduit par l'équipe du Dr Isral
Schechter du Département de chimie de l'institut israélien. Le laser est
dirigé vers la cible suspecte qui, irradiée par des photons d'une
longueur d'onde unique, émet des électrons dont la quantité permet
l'identification.
Cette technologie a l'avantage considérable d'être mise en action par
l'intermédiaire d'une machine de la taille d'un ordinateur portable.
Cela réduira son temps d'acheminement vers les zones à risque et
permettra son utilisation dans des lieux difficiles d accès. Par
ailleurs, cette nouvelle méthode permet de détecter des traces infimes
de drogues ou d'explosifs, jusqu'à un millionième de millionième de
gramme.
De telles quantités ne représentent certes pas un danger, mais
les détecter peut permettre d'appréhender un individu ayant été en
contact avec ces substances. Ainsi, un lavage de mains, même minutieux,
ne devrait plus permettre à un terroriste ou à un dealer d'éliminer des
traces de son implication. Preuve de l'efficacité du dispositif, des
résidus de drogues et d'explosifs dans des sacs fournis par la police
israélienne ont été immédiatement et correctement identifiés.
Un grand enthousiasme autour du dispositif
Le procédé, dont le développement a fait l'objet d'une étude publiée dans l'Analytical Chemistry Journal
en 2010, est récemment devenu un brevet protégé qui fait beaucoup
parler de lui dans le milieu spécialisé. Le Dr Schechter espère que "son prix sera assez bas pour pouvoir l'implémenter dans le système de sécurité des lieux sensibles comme les aéroports".
En attendant, il goûte le succès de son dispositif. Invité à une conférence prestigieuse à Philadelphie sur le thème des explosifs, il fut étonné de ressentir "un grand enthousiasme à la place du scepticisme qu'il attendait; ils ont tout de suite vu le potentiel de nos travaux". Un enthousiasme que devraient partager nos amis Angoumoisins...