La Belgique presente ses excuses

Le premier ministre a prononcé un discours lors de la commémoration du 70ème anniversaire du début de la déportation des Juifs en Belgique à la caserne Dossin de Malines.

Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a présenté dimanche les excuses de la Belgique pour la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, à l'occasion de la commémoration du 70e anniversaire du début de ces déportations. M. Di Rupo a utilisé des termes forts pour souligner le rôle de certaines autorités belges de l'époque, qui "ont mené avec l'occupant allemand, dans des domaines cruciaux, une collaboration indigne", selon le texte de son discours remis à la presse.

"En prêtant leur concours à l'entreprise d'extermination mise en place par les nazis, ces autorités et à travers elles l'Etat belge ont manqué à leurs devoirs. Elles se sont rendues complices du crime le plus abominable", a-t-il poursuivi.

"Cette faute criminelle restera une tache indélébile dans l'histoire de notre pays. Une tache moralement imprescriptible, une responsabilité ineffaçable", a dit le Premier ministre belge, promettant: "je ferai tout ce que je peux pour que jamais elle ne tombe dans l'oubli".

"Je veux dès maintenant, sur la base des informations avérées que nous possédons, exprimer les regrets et la honte que cette collaboration nous inspire", a déclaré M. Di Rupo.

"En tant que Premier ministre du gouvernement belge, je présente les excuses de la Belgique à la communauté juive, même si les comportements de l'époque sont inexcusables", a-t-il ajouté.

Il n'est pas le premier responsable politique belge à présenter des excuses à la communauté juive. L'ancien Premier ministre Guy Verhofstadt l'avait fait à plusieurs reprises, la première fois en 2002.

M. Di Rupo s'exprimait à l'occasion d'une cérémonie à la caserne Dossin de Malines, une ville de Flandre proche de la capitale belge, d'où sont partis les premiers convois de déportés de Bruxelles le 9 septembre 1942. Au total, environ 25.000 Juifs ont été déportés de Belgique, en particulier d'Anvers et de Bruxelles.

Cette cérémonie coïncidait avec celle à laquelle ont participé plusieurs centaines de personnes en France en mémoire des déportés et des victimes de la Shoah, 70 ans après la rafle du Vel d'Hiv. Entre 1942 et 1944, environ 76.000 Juifs ont été déportés de France vers les camps de la mort.

M. Di Rupo a invité dimanche le Sénat belge "à débattre dès que possible" d'une "proposition de résolution à propos de la responsabilité de l'Etat belge". La ville de Bruxelles a officiellement reconnu le 2 septembre, lors d'une cérémonie, sa complicité dans la déportation des Juifs et notamment le rôle essentiel qu'a joué le registre des Juifs mis en place par la ville dans le cadre des rafles.

Quelque 5.640 noms y ont été recensés. "Sans ce registre des Juifs, jamais les arrestations progressives, puis la rafle de septembre 1942 n'auraient eu le même impact à Bruxelles", a reconnu le bourgmestre de la ville, Freddy Thielemans.

En tout, 6 millions de Juifs d'Europe ont été assassinés entre 1939 et 1945.

Votre panier est vide

Partenaires