
Le "nez électronique" qui sent les cancers va être commercialisé
Le "nez électronique" de détection des cancers mis
au point par Hossam Haick, professeur au Technion, va être
commercialisé. L'ambition de cet appareil étonnant : révolutionner la
pratique du diagnostic.
Utiliser l'haleine pour détecter des maladies
Utiliser l'haleine des patients pour détecter d'éventuelles maladies ?
L'idée est venue à Hossam Haick après avoir lu que les chiens peuvent
renifler certains types de cancers. "Mais il n'y a aucune manière pour eux de communiquer efficacement ce qu'ils ont trouvé, explique-t-il. De plus, il n'est pas possible de faire venir les chiens dans les hôpitaux, pour des raisons d'hygiène."
Ce professeur de Génie chimique au Technion pense alors à créer un "nez
électronique", qui fonctionnerait sur le même principe que le museau
des canidés. Fin 2006, un Prix d'excellence Marie Curie de 1,73 millions
euros est accordé à son équipe pour relever ce défi. Les travaux
peuvent alors commencer.
Un diagnostic fiable à 95%
Après plusieurs années de travail, un outil révolutionnaire est mis au point. Son nom : le Na-Nose ("na" pour "nanotechnology").
Son utilisation est simple : les patients soufflent dans l'appareil,
qui analyse ensuite les plus de 1.000 gaz contenus dans leur haleine
pour identifier d'éventuelles anomalies. Cette technologie, qui s'appuie
sur des nanomatériaux spécifiques, est connue sous le nom de détection
des composés organiques volatiles (volatile organic compound - VOC).
Particulièrement efficace, elle permet de diagnostiquer avec une
fiabilité de l'ordre de 95% un grand nombre de maladies : scléroses,
maladie de Parkinson, différents types de cancer, etc.
En route vers la commercialisation
Une nouvelle page de l'histoire du Na-Nose s'apprête aujourd'hui à être
écrite. Une joint venture a été mise en place par le Technion et Alpha
Szenszor, société américaine spécialisée dans la fabrication de capteurs
en nanotubes de carbone, pour commercialiser l'invention du Professeur
Haick. 2 à 3 années de travail seront nécessaires pour peaufiner le
produit, auxquelles s'ajouteront les tests de la FDA (Food and Drug Administration,
organisme chargé d'autoriser la commercialisation des médicaments aux
Etats-Unis). Steve Lerner, PDG d'Alpha Szenszor, reste toutefois
optimiste et estime qu'avant la fin de la décennie, chaque médecin
généraliste aura dans sa trousse de soins un petit Na-Nose, pour un prix
avoisinant les 10 $ (7,5 euros). Il estime même que les nanomatériaux
sur lesquels s'appuie le "nez électronique" équiperont un jour
smartphones et tablettes, permettant un diagnostic à domicile.
Des retombées financières considérables
La version commerciale du Na-Nose se concentrera dans un premier temps
sur le seul cancer du poumon. L'enjeu est de taille, puisqu'il n'existe
actuellement aucun outil non invasif et peu onéreux de détection de
cette maladie. Le Na-Nose permettra de diagnostiquer rapidement les
premiers symptômes, augmentant ainsi les chances de survie. Il pourra
également être utilisé en cours de traitement, afin d'évaluer au plus
juste les doses de médicaments ou de radiations nécessaires, et repérer
les éventuels signes de rémission. L'invention du Professeur Haick
devrait ainsi bouleverser la vie des 1,6 millions de personnes qui,
chaque année dans le monde, sont diagnostiquées d'un cancer du poumon.
Sans oublier les considérables retombées financières : le marché des
appareils de diagnostic de cancers est en effet estimé à quelques 7,9
milliards $ (6 milliards euros).
A propos d'Hossam Haick
Scientifique israélien d'origine arabe, Hossam Haick est professeur au
département de Génie chimique et à l'Institut de Nanotechnologie Russell
Berrie du Technion depuis 2006. Il est également, depuis décembre 2012,
co-directeur du LIA (Laboratoire International Associé), nouveau centre
de recherches mis en place par l'Inserm et le Technion. Au fil des
années, de nombreux prix et distinctions sont venus récompenser sa
prolifique carrière de chercheur et d'enseignant. Il s'est notamment vu
remettre la médaille de Chevalier de l'Ordre des Palmes Académiques dans
les locaux de l'Institut français de Tel-Aviv en octobre 2010.