



Le juste n’a qu’à bien se tenir
Yaacov s’installe enfin en Israël. Le périple de plus de vingt ans s’achève. Le bilan est très positif. Il revient chez son père Isaac, marié et entouré de douze fils et une fille.
Il peut s’attendre à vivre une retraite paisible.
Le terme VAYECHEV convient parfaitement au commun des mortels qui veut savourer une fin de vie en attendant de quitter ce monde pour s’éterniser dans un autre, meilleur.
Yaacov donc s’installe. Mais Yosseph à dix sept ans, va
lui aussi comme son père, rêver.
Par deux fois il raconte ses rêves à ses frères qui ne supportent pas cet enfant gâté, à la tunique rayée. Le sens de ses rêves est très clair. Le premier rêve se déroule dans un champ.
Douze gerbes sont
confectionnées par les douze frères. Onze gerbes se prosternent
devant la douzième fabriquée par Yosseph. Le second rêve
semble encore plus explicite que le premier.
Le soleil, la lune et onze étoiles se prosternent devant Yosseph. Yaacov, rappelle à l’ordre son jeune fils, considérant toute cette effervescence comme une imagination débordante d’un enfant oisif.
Le séjour de Yaacov sur la Terre d’Israël va se transformer
en cauchemar.
Ce jeune fils sera vendu par ses frères. Le père aura une information mensongère. La tunique trempée dans le sang d’une brebis fera croire que Yosseph a été dévoré et donc mort et déchiqueté.
Pendant vingt ans Yaacov refusera toute consolation pour la perte de son fils. Yaacov ne goûtera pas aux délices d’une retraite méritée.
Rachi et d’autres commentateurs expliquent cette situation par un midrash, difficile à sa première lecture. « Non contents de profiter des bienfaits qu’ils auront dans le monde futur, les justes aimeraient tirer profit des bienfaits de ce monde ici bas. »
Le juste n’a qu’à
bien se tenir. S’il vit très confortablement dans ce monde ci, c’est
qu’il ne mérite pas la vie idyllique du monde céleste.
On ne peut pas obtenir le bénéfice de ses bonnes actions là où on se trouve. C’est un choix qui est posé au futur candidat à la vie juste et honorable.
C’est peut être pour cela que les candidats ne se bousculent pas au portillon.
Le raisonnement pourtant tient bien la route. Un homme, ici bas, se fabrique
une réputation, un mode de vie voulu. Toute son existence, il vérifie
ses moindres gestes pour former un tout.
Il s’abstient volontairement de tout abus. Dans son langage, autour de son entourage, avec ses amis, ses collègues il démontre que son choix est inébranlable. Le moindre débordement peut lui être fatal.
Le monde qu’il fréquente lui en voudra
d’avoir abusé de sa confiance. S’il se repose sur des lauriers
d’hier, il peut être taxé d’hypocrite voire d’escroc.
Yaacov a gagné ses galons d’homme propre. Avec Lavan, avec Esaü,
il est resté fidèle avec lui même.
Il prône l’amour de D. mais sans aucun bénéfice personnel, uns sorte de couverture qui serait la raison de son comportement et qui détruirait l’image de l’homme intègre. D. on le sait met à l’épreuve ceux qui lui sont proches plus que les autres.
C’est la démonstration
éclatante que ces hommes, peu nombreux se hissent par ce système
au sommet. Ils sont des Tsadikim : des justes.
Rabbin S.MALKA