Parachat Beha'alote'ha
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L’éducation: depuis le plus jeune âge si l’on ne veut pas de surprises !!

Paracha Toledot


Its’hak Avinou a pris Rivka pour épouse. Rivka est stérile. Ils se mettent tous les deux à prier, et Hashem exauce Its’hak.

Comme les enfants se heurtaient dans son sein, elle dit : « Si cela est ainsi, à quoi suis-je destinée ! » Et elle alla consulter Hashem. Hashem lui dit : « Deux nations sont dans ton sein et deux peuples se sépareront de tes entrailles ; un peuple sera plus puissant que l’autre et l’aîné obéira au plus jeune. » (Béréshit 25-22, 23)

Rashi

Se heurtaient. Nos maîtres expliquent que le mot a le sens de « courir ». Quand elle passait devant les « portes de Torah » de Shem et de ‘Evèr, Ya‘akov se mettait à courir et « heurtait » pour sortir. Et lorsqu’elle passait devant les « portes de l’idolâtrie », c’est ‘Essav qui se mettait à courir et « heurtait » pour sortir (Beréshit Rabba 63, 6).

Le Gaon et Tsaddik Rabbi Shalom SHWADRON z.ts.l fait remarquer à travers ce verset que la perversion de ’Essav existait déjà à la source de sa création.

C’est aussi ce que l’on constate dans la suite du verset : 

« … deux peuples se sépareront de tes entrailles … » 

Depuis tes entrailles, ils se sépareront, l’un vers sa perversion, l’autre vers sa droiture (Rashi). Ceci indique que ‘Essav était un Rasha’ depuis sa naissance.

Pourtant, quelques versets plus loin, le texte dit :

Les enfants grandirent. Éssav devint un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Ya’akov, homme inoffensif, vécut sous la tente. Et Rashi explique ce verset : Les enfants grandirent. Aussi longtemps qu’ils étaient petits, on ne pouvait pas les reconnaître à leur conduite, personne ne prenait garde à leur caractère. Arrivés à l’âge de treize ans, l’un s’est dirigé vers les écoles et l’autre vers l’idolâtrie (Beréshit Rabba 63, 10).

Cela signifie que la perversion de ‘Essav n’était pas distincte de l’extérieur, mais en réalité, ‘Essav était un Rasha’ depuis sa naissance.
Cependant, nous trouvons malgré tout une contradiction parmi les enseignements de nos maitres, avec ce que nous venons d’apprendre :


Il est écrit : 

Le grand homme parmi les géants. (Yéhoshoua’ 14-15) Nos maitres commentent : « (L’) homme ». Il s’agit d’Adam Ha-Rishon (le premier homme). « Grand ». Il s’agit des patriarches Avraham, Its’hak et Ya’akov qui ont tous les 3 été qualifiés de grands. … Ya’akov pour qui le texte dit : « Les enfants grandirent … » ‘Essav est inclus dans cette grandeur, mais il dégrada ses actes et humilia le droit d’ainesse et de ce fait, devint petit … (Yalkout Shim’oni sur Yéhoshoua 14)

Nous constatons que le titre de « grand » conféré aux saints patriarches a été aussi attribué à ‘Essav. On a même mis - dans un premier temps - à égalité le niveau de ‘Essav et le niveau des patriarches, si ce n’est que ‘Essav a par la suite dégradé ses actes et se diminua.

Comment comprendre ces 2 enseignements de nos maitres : D’une part, ‘Essav est un Rasha’ depuis le ventre de sa mère, et il n’hésite pas à bousculer pour sortir vers l’idolâtrie.
D’autre part, durant ses 13 premières années, il est qualifiable de « grand », titre conféré par nos maitres aux saints patriarches Avraham, Its’hak et Ya’akov.
Comment ces 2 enseignements de nos maitres peuvent-ils s’accorder ?

Nous devons dire qu’en réalité, jusqu’à l’âge de 13 ans, ‘Essav était réellement aussi « grand » que Ya’akov, et même l’égal de n’importe quel patriarche, mais il était aussi et malgré tout un « Rasha’ en potentiel ».
Ses instincts étaient déjà mauvais depuis la naissance, et il possédait déjà toutes les propriétés de ‘Essav, mais elles étaient profondément enfouies dans son cœur.
Ce n’est qu’à partir de l’âge de 13 ans que ‘Essav « bondit » avec toute sa perversion vers l’extérieur.

Si l’on se demande :
En quoi un seul jour peut-il faire une différence aussi notoire dans l’inclinaison d’une personnalité ? Comment un jour avant son 13ème anniversaire ‘Essav peut-il égaler les patriarches, et du jour au lendemain, exprimer tout le potentiel de sa perversion ?

Nos maitres répondent aussi à cette interrogation :

Les enfants grandirent. Chaque jour, ils allaient tous les deux à l’école et revenaient de l’école. Après leur 13ème anniversaire, l’un se rendait à la maison d’étude, et l’autre se rendait dans des lieux d’idolâtrie. Rabbi El’azar dit : L’homme doit veiller sur son fils jusqu’à l’âge de 13 ans. A partir de ce jour, le père doit dire : Bénit celui qui m’a épargné du châtiment de celui-ci. (Midrash Rabba sur Béreshit 63-10)

Cela signifie que jusqu’à l’âge de 13 ans, Its’hak s’occupa de l’éducation de ‘Essav, et c’est pour cette raison que le potentiel de perversion de ‘Essav ne s’est pas exprimé. Bien au contraire, ‘Essav progressa au point d’être l’égal de son frère Ya’akov.

Mais lorsqu’il atteint l’âge de 13 ans, Its’hak déclara « Bénit celui qui m’a épargné du châtiment de celui-ci. », et cessa de s’occuper de son éducation. ‘Essav retrouva son indépendance, et c’est alors que toutes ses sources de perversions éclatèrent, au point de faire de lui « un habile chasseur, un homme des champs », un homme de culture, de sport, ou comme l’explique Rashi : un homme oisif qui chasse avec son arc des animaux sauvages et des oiseaux.

En bref, profiter de la vie !!
omment un homme - qui se trouve durant 13 années à un niveau très élevé, se transforme-il en ‘Essav ?!

La réponse est simple :
‘Essav contenait en lui ses propriétés négatives et son potentiel de perversion depuis la naissance. Mais au-delà de tout, ‘Essav ne s’est jamais investit durant ces 13 années afin de changer sa nature !!!
Seul son père Its’hak avait une emprise sur lui, et cette emprise empêcha sa perversion de s’exprimer. La morale de cette analyse nous frappe les yeux !!

A force de dire d’un enfant : « Ca va ! Il est encore petit !! », on laisse pousser de façon parfaitement inconsciente un enfant qui pourrait nous réserver des surprises à un âge où on serait disposé à lui accorder toute notre confiance.

source: Halacha Yomiit