Parachat Nasso
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Le Devenir de l'Homme tient dans son Essence

Paracha Tazria

Nombreux sont ceux, et pas des moindres, qui établissent une similitude entre l'homme et l'animal. Sont-ils dans la vérité ?

Il est vrai que tous deux fonctionnent, d'une certaine façon, sur un même mode, dans le sens qu'ils mangent, qu'ils boivent, qu'ils respirent ou se couchent. En revanche, il est admis de tous que ce qui différencie l'un de l'autre, ce sont la parole et la pensée.

Toutefois, on peut constater également que la stature de l'un et de l'autre est très différente. L'un est recourbé, l'autre est droit. Selon nos sages, si l'animal est recourbé c'est parce qu'il aspire à revenir là d'où il vient, c'est-à-dire dans la terre. En revanche, l'homme est droit parce qu'il vise son ascension vers D ieu.

Tout l'homme tient dans sa propre nature, radicalement différente de celle de l'animal. En effet, le corps de l'homme n'est en fait que le support de l'âme divine. Cette âme l'a précédé. Le Midrash dit qu'avant sa naissance, son âme a préalablement accompagné cet ange qui lui a montré le monde de la Béatitude éternelle, et le brasier destiné à ceux qui se sont totalement détournés de la Torah.

Nos maîtres disent que la différence entre ces deux espaces tient à l'épaisseur d'un cheveu. Un rien le conduit au monde de la Béatitude éternelle et un rien le mène vers ce brasier. Tout est donc dans le détail. Ainsi, un beau tableau n'a son éclat qu'une fois terminé, la dernière touche est essentielle.

Aussi, dans le cas de l'être humain, tout se passe dans un premier temps dans le ventre de sa maman. Il apprend tout dans ce petit espace dans lequel il séjourne neuf mois. Ce lieu étroit ne l'étouffe pas. C'est même l'endroit où il vit le mieux.

Dans ce ventre maternel, le fœtus apprend toute la Torah, et pourtant tout ce travail long et « fastidieux » ne lui permettra pas, une fois venu au monde, de jouir de cette Torah. Il lui faudra reprendre tout, comme s'il n'avait jamais rien appris.
C'est pour cette raison que notre lecture hebdomadaire de cette semaine fait suite à l'énumération des animaux autorisés. C'est pour nous apprendre que nous avons, d'un côté les animaux permis, et d'un autre ceux interdits. Tandis que chez l'homme, il n'existe pas d'êtres humains purs et d'autres impurs par naissance. Les deux catégories se confondent en chaque homme, dans un désordre complet si l'homme ne sait pas les séparer.

Autant l'âme divine est parfaite, autant le corps doit continuellement mériter qu'on le perfectionne. L'animal, quant à lui, reste d'un bout à l'autre de son existence sans la moindre modification. Cette âme parfaite nécessite tout de même des apports qui lui viennent du corps dans lequel elle réside.

Seul, le corps peut lui apporter ce qui lui est nécessaire et qui, originellement, existait déjà depuis le ventre de sa mère. C'est en cela que l'on peut parler « d'essence » ou de nature profonde. En conséquence, l'homme suivra cette profonde nature s'il ne veut pas se « dénaturer ». Bien évidemment, pour apporter à bon escient la nourriture dont l'âme divine a besoin, il devra en passer par l'étude de la Torah.

Le Talmud dit que D ieu a créé le mauvais penchant, mais que la Torah est son antidote. C'est là que l'homme doit puiser toute sa subsistance spirituelle pour que corps et âme soient en harmonie. Depuis la création du monde, nous disent nos sages, D ieu avait montré à l'homme combien Son œuvre était belle et délicieuse.

Mais Il lui a enjoint de bien y veiller pour ne pas l’abîmer et la détruire. Cette injonction ne visait pas un comportement intentionnel de mal faire, mais plutôt à le mettre en garde qu'un rien pouvait remettre en cause toute cette création divine. Si bien que, si l'homme ne prend pas en compte ce conseil divin, tout ce qui lui aura été servi sur un plateau d'argent tombera en désuétude.

C'est dans ce sens que l'on peut établir un rapprochement entre l'homme et l'animal, à savoir, d'être capable, contrairement à ce règne inférieur, de faire la différence entre le pur et l'impur. Et, donc, seule l'épaisseur d'un cheveu mènera au paradis ou à l'enfer.

Au fond, ce n'est qu'en puisant tout au fond de son être ce que D ieu avait placé depuis la plus haute origine que l'homme saura, grâce à la Torah, remonter le fil conducteur jusqu'à son tout début.

Aussi nous est-il demandé de faire toujours appel à cette nature profonde intérieure pour évoluer dans ce bas monde dans lequel il nous appartient de faire un travail soigneux pour mériter que ce premier monde soit rétabli tel que D ieu l'avait créé.

Nous voyons, en conséquence, que c'est le détail qui va faire toute la différence. Adam et H'ava, à qui l'on impute toute la faute originelle, n'avaient commis qu'un petit acte, à première vue bénin. Mais ce petit acte a remis en question tout le travail de D ieu.

Notre nature profonde est belle, éclatante, mais en y introduisant des éléments extérieurs, non conformes à la volonté divine, nous ne sommes plus ce que nous devrions être. Il est vrai que les spectacles extérieurs sont nombreux et variés et remplis de venin, mais c'est à nous de savoir si nous sommes prêts à absorber ce venin du serpent originel ou si nous préférons le laisser à l'extérieur pour lui éviter d'amenuiser notre existence.

Adam et H'ava se sont laissés prendre au piège de ce mal. Mais il nous est demandé de bien puiser en nous, de bien nous investir dans la Torah pour redonner au monde ce premier aspect que D ieu avait montré à Adam et H'ava.

C'est en domestiquant notre côté animal qu'on pourra concourir vers ce que nous sommes tout au fond de nous. Seul un travail intensif, persévérant et constant, peut nous mener à ce devenir grâce à notre essence. Elle est égale à elle-même. C'est seulement si on ne l'écoute pas attentivement qu'on compromet notre avenir.

Notre travail permanent est donc de toujours viser cette essence dont l'origine est divine à tout jamais. Toute la Torah a pour but de préserver cette essence pour que l'âme y puise toute sa subsistance nécessaire afin qu'elle contienne tout son quota pour entrer directement dans ce monde de la Béatitude éternelle.

Rien n'est plus facile si on s'en donne les moyens. Cela passe par le quotidien qui, trop souvent, est malmené. Même si jusqu'à présent, malgré notre âge avancé, nous reprenons tout en mains, il y a moyen d'apporter à notre âme, à notre essence, tout l'épanouissement dont elle a besoin.

Ce n'est pas la quantité qu'il faut voir au premier chef, mais bel et bien la qualité de ce que nous proposons à ce petit être virtuel qui n'attend que ça.

Ce n'est qu'en veillant désormais et sans relâche à ce que nous avons de plus précieux, que nous parviendrons, à l'instar de nos patriarches, à redécouvrir ce qui fera notre spécificité.

Nous ne devons pas nous laisser aller à tout ce qui peut nous tenter et nous détruire. Nous sommes des créatures de D ieu, nous devons le rester et, si nous nous en sommes écartés, il est temps de s'y mettre. Pas à pas, on remontera le fil du temps, même si à nos yeux il nous semble trop tard pour entreprendre cette mission.

Essayons, malgré le peu de moyens que nous croyons avoir, et nous verrons que tout est possible, si on le veut bien. Le devenir de l'homme tient dans son essence.

RAV BITAN
www.rabbinbitan.fr
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Spécialiste dans la préparation à la conversion.
Agréé par le Consistoire.
Rabbin psychologue.