



La bonne réputation
« Elé pikoudé hamichkan michkan haédout acher poukad al pi Moché - Voici les comptes du Tabernacle, le Tabernacle du Témoignage, tels qu’ils ont été établis selon la parole de Moïse » » (Chemot 38 : 21).
Le Baal Hatourim précise que le mot pikoudé est écrit
avec un Vav supplémentaire pour signifier le fait que Moïse présenta
un compte précis et détaillé de chaque centime reçu
pour la construction du Tabernacle, Ã tous les 600 000 membres (Vav = 6)
de la nation afin que nul ne puisse le soupçonner d’avoir détourné
la moindre somme à son profit.
Pourquoi Moïse a-t-il tant insisté
pour dévoiler l’état des comptes à toute la nation ?
Après tout, Dieu Lui-même se porta garant de l’intégrité
de Moïse disant « Dans toute Ma maison, il est le plus fiable ».
Alors, que recherchait Moïse de plus ?
Le Midrach explique que Moïse
avait entendu certaines personnes mal intentionnées murmurer, derrière
son dos, qu’il s’appropriait une partie de l’argent récolté
« partout où il allait, ils le poursuivaient de leurs accusations
(Chemot/Ki tissa 33 :8) disant, par exemple « Il n’est pas étonnant
que cet homme, seul dépositaire de tout l’or et l’argent, soit
si riche… Il ne doit de comptes à personne ! »
Aussi, lorsque
le Tabernacle fut terminé, Moïse tint aussitôt à réagir
à ces accusations en ouvrant ses livres de comptes à tous afin qu’ils
puissent les examiner, à leur gré et, au besoin, les discuter.
«
De cela, nous apprenons » écrit le Shlah Hakadoch « que toute
personne dont la réputation est mise en cause se doit de prouver son innocence
en public ». On ne peut se contenter de sa bonne renommée pour s’exempter
du devoir de prouver son intégrité. Moïse fut une nouvelle
fois attaqué au motif qu’il accumulait jalousement pouvoir et honneurs,
par Korah et ses adeptes, qui prétendaient qu’il n’était
pas, sans conteste, l’envoyé de Dieu, tentant de le discréditer
aux yeux des enfants d’Israël; en réponse, Moïse précisa
« Je ne leur ai pas pris le moindre âne et je n’ai jamais fauté
envers l’un d’entre eux » (Korah 16 : 15).
Raphaël Shimshon Hirsh explique que Moïse s’efforça de justifier auprès du Peuple qu’il avait été désigné par Dieu en qualité de messager, prouvant qu’il ne tirait aucun avantage de sa position de dirigeant, justifiant que personne ne pouvait être exempté de la mitsva « Vous devez vous justifier devant Dieu et devant le Peuple d’Israël ». C’est la responsabilité de tout dirigeant de s’assurer qu’il n’est l’objet d’aucune suspicion !
A la veille de Pessah, le Rav Shlomo Zalman Poroush (le grand-père du Rav Shlomo Zalman Auerbach) attendait avec impatience de recevoir une somme importante en provenance de Minsk, en Russie, mais l’argent n’arrivait pas et le Rav Shlomo était extrêmement inquiet pour les pauvres de Jérusalem qui risquaient de ne pas pouvoir acheter leurs Matsot et leur vin pour la fête… Ne voyant aucune autre possibilité, il s’adressa au Rav Feivel Stellar qui lui prêta 200 Napoléons-Or (une somme très importante) qu’il s’engagea à lui rembourser dès réception de l’argent de Minsk tant attendu.
Après la fête, le Rav Shlomo Zalman remboursa au Rav Feivel 110 Napoléons-Or et lui indiqua qu’il s’empresserait de lui apporter le solde dès qu’il recevrait l’argent attendu… Deux mois plus tard, le Rav Schlomo s’empressa de se rendre chez le Rav Feivel pour lui rembourser les 90 Napoléons, à titre de solde…
A sa grande surprise, le Rav Feivel ne se souvenait
plus du tout avoir reçu le premier acompte de 110 Napoléons ! !
Le litige fut porté devant le Beth Din, présidé
par le Rav Shmouel Salant, qui décida que le Rav Shlomo Zalman devait prêter
serment qu’il ne devait plus rien au Rav Fievel. Très impressionné
par le fait d’avoir à jurer en invoquant le Saint Nom, le Rav Shlomo
Zalman informa le Beth Din qu’il ne se sentait pas la force ni le courage
d’affronter cette dramatique épreuve expliquant qu’il était
pétrifié à l’idée d’avoir à jurer
sur le Nom divin et qu’il était prêt à payer une deuxième
fois 110 Napoléons-Or ! Mais le Beth Din ne fut pas satisfait par cette
proposition et fit injonction au Rav Shlomo Zalman de prêter serment. «
Je vous le demande solennellement » insista le Rav Salant, président
du Beth Din « à défaut, les gens pourraient vous soupçonner
d’avoir tenté d’abuser le Rav Feivel ».
Par respect
pour le grand Dayan, le Rav Shlomo se plia à la décision du Beth
Din mais demanda trois jours pour se préparer à une telle épreuve.
Lorsqu’il arriva au Beth Din, il était entouré de tous les
membres de sa famille qui ne pouvaient contrôler leurs sanglots, surtout
lorsqu’il jura sur le Nom divin qu’il avait déjà payé
les 110 Napoléons au Rav Feivel…
L’affaire ne s’arrêta
pas là . Le Rav Shlomo Zalman se sentit très mal d’avoir «
épargné » 110 Napoléons en jurant sur le Saint Nom.
Il décida alors d’utiliser une somme équivalente pour accomplir
des mitsvot; il vendit son appartement pour 50 Napoléons et en emprunta
60 autres qu’il utilisa pour la construction de la Synagogue Beth Yaacov
dans le quartier de Beth Israël de Jérusalem.
Près d’un
an plus tard, quelques semaines avant Pessah, le Rav Shlomo Zalman reçut
une lettre du Rav Feivel; celui-ci présentait ses excuses les plus sincères
au Rav, lui précisant qu’à l’occasion du nettoyage de
Pâque, il avait retrouvé les 110 Napoléons-Or ! (Haméor
Hagadol).
Source: cyber-contact.com