
Des scientifiques israéliens découvrent un test pour évaluer le risque de cancer du poumon
Le tabagisme reste le premier facteur de
risque de développement du cancer du poumon. Toutefois, 85% des fumeurs
ne développeront jamais de cancer.
Le risque est en effet inégalement
réparti entre les individus. D'où l'intérêt d'un test permettant
d'évaluer le risque individuel.
Les chercheurs de l'Institut Weizmann ont mis au point un tel test, basé sur trois marqueurs biologiques et qui exploite la corrélation entre capacité de réparation de l'ADN et probabilité de développer un cancer.
Réparation de l'ADN et développement des tumeurs
Les marqueurs biologiques - ou biomarqueurs - sont des
caractéristiques biologiques mesurables qui permettent d'évaluer l'état
d'un milieu qui pourrait difficilement l'être autrement.
On peut ainsi
citer l'alpha-foetoprotéine dont le dosage en clinique est un indicateur
de la présence possible de carcinomes hépatocellulaires.
Les recherches du professeur Zvi Livneh et du docteur Tamar Paz-Elizur
de l'Institut Weizmann se sont concentrées ces dernières années sur la
découverte de tels marqueurs pour les mécanismes de réparation de l'ADN
altéré par les substances cancérogènes telles que celles contenues dans
la fumée de cigarette.
Ces mécanismes sont d'autant plus important que,
s'ils sont défaillants, ils permettent à une tumeur de se développer
beaucoup plus rapidement.
Trois enzymes identifiées
L'équipe a trouvé que, parmi les molécules permettant de
réparer les dommages génétiques, l'activité d'une enzyme (l'enzyme OGG1)
est fortement associée au cancer du poumon, si bien qu'une très faible
activité de cette enzyme est associée à l'augmentation du risque de
développement de ce cancer d'un facteur 5.
Un test a donc pu être
développé pour évaluer les risques d'une personne donnée de développer
un cancer.
Les chercheurs israéliens ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils
ont continué de chercher d'autres mécanismes de réparation de l'ADN
impliqués dans le développement des tumeurs, afin d'améliorer le test et
réduire les marges d'erreur.
Un second facteur (l'enzyme MPG) a ainsi
été découvert, pour lequel cette fois-ci une activité élevée est
associée à l'augmentation du risque.
Puis, dernièrement, l'activité d'une troisième enzyme (APE1) s'est
révélée aussi importante pour évaluer le risque du cancer du poumon.
L'enzyme APE1 semble jouer un rôle complexe dans la carcinogénèse.
En
effet, un risque élevé de cancer du poumon est associé à une diminution
de l'activité de cette enzyme alors que, de façon surprenante, la
surexpression du gène codant cette enzyme est symptomatique de certains
cancers.
Cela peut s'expliquer par le fait que dans les cellules
jusqu'alors saines, une activité plus faible que la normale peut
entrainer l'accumulation de mutations génétiques. A l'inverse, dans les
cellules cancéreuses, l'augmentation de l'activité de cette enzyme donne
un avantage à ces cellules, leur permettant la réplication rapide de
l'ADN et donc la prolifération des cellules cancéreuses.
Vers un dépistage individualisé du cancer
Les chercheurs de l'Institut Weizmann ont développé un test
basé sur l'activité de ces trois enzymes afin d'obtenir un score
reflétant la capacité à réparer l'ADN. L'efficacité de ce score a été
évaluée dans une étude cas-témoins portant sur une centaine de patients
souffrant du cancer du poumon et une centaine de personnes saines.
La
comparaison des scores obtenus chez les cas et chez les témoins a montré
qu'un score élevé était fortement associé au risque de développer un
cancer du poumon et ce, indépendamment du fait que les patients étaient
fumeurs ou non, ce qui indique donc que ce score n'est pas le reflet
du risque associé au tabagisme.
Néanmoins cette étude, publiée dans la revue Cancer Prevention Research,
doit être répétée à grande échelle pour confirmer l'efficacité de ce
test appelé OMA (pour OGG1-MPG-APE1), qui pourrait fournir une mesure
personnalisée de notre capacité à réparer les lésions de l'ADN et donc
nos chances de développer un cancer.
De plus, les chercheurs s'apprêtent
à mener des recherches pour trouver de nouveaux médicaments qui
permettraient d'améliorer la réparation de l'ADN et donc de réduire le
risque de développement du cancer du poumon et probablement d'autres
types de cancers également.
Sources: bulletin-electronique